Philibert de Pompadour

 

      Un siècle après la fin du ministère de Geoffroy de Pompadour, la Vicomté de Pompadour a toujours belle allure. Philibert de Pompadour vient d'épouser en troisièmes noces Marie Fabry, fille du financier de l'extaordinaire des guerres de Louis XIII. La famille Fabry s'honore de descendre en ligne directe d'un gentilhomme, compagnon de Louis IX. Lorsque la jeune épousée rallie Pompadour, tout ce que le château compte de seigneurs et de gentilshommes va à la rencontre du carrosse tiré par huit chevaux. Ce furent ensuite plusieurs jours de fêtes et de réceptions.

     Le château est une véritable fourmilière. Plus de cent personnes, sans parler de leur entourage, sont nécessaires pour collecter les différents revenus dus à Philibert de Pompadour. Le Vicomte dirige cette véritable administration. La fortune de son beau-père va permettre à Philibert de redonner à Pompadour son lustre passé, pas mal écorné par l'inconséquence de sa mère, remariée, qui a dilapidé les biens de ses enfants mineurs issus d'un premier lit sous le prétexte de recouvrer la totalité de sa dot. L'entretien des constructions de Geoffroy de Pompadour nécessite des fonds importants. 

Le château de Pompadour d'après une gravure ancienne

       Monsieur Fabry prend en main les finances de son gendre et désigne le sieur Foucher, un de ses fidèles, comme intendant de la maison de Pompadour. Celui-ci doit rétablir les finances et assurer la gestion des affaires de la Vicomté. Il va s'y employer tout au long de sa charge, ayant soin de ménager les susceptibilités de Marie Fabry, de son père et de Philibert.
     
Qualifié, à de sa mort, par le roi Louis XIII de "Meilleur gentilhomme du Royaume", Philibert de Pompadour s'illustre à Davignac puis lors de la prise d'Uzerche et plus tard grâce à l'envoi de maçons limousins pour construire la digue de La Rochelle entre la canonnade anglaise et les ripostes des troupes françaises. Lieutenant Général du Roy pour le haut et le bas Limousin, il a fort à faire pour maintenir l'ordre dans la province très agitée. En 1631, il doit faire face à de terribles épidémies dans le bas Limousin, accentuées par de graves inondations. Dès que ces calamités s'estompent, il doit intervenir avec sa troupe à Limoges, pour régler le conflit des Récollets. Les moines se sont scindés en deux camps et s'entredéchirent journellement dans les rues de Limoges pour la plus grande joie des habitants. Malgré l'intervention musclée de la troupe, seule une bulle pontificale met fin au conflit.

Le château de Coussac Bonneval
Le château de Coussac Bonneval 

     Phillibert de Pompadour laissa l'image d'un grand gentilhomme, bon seigneur, apprécié de ses sujets,certes très dépensier et aimant jeux, fêtes et réjouissances. Il avait fait sienne et répété fréquemment une phrase encore connue aujourd'hui :
     Pompadour pompe,
     Ventadour vente,
     Turenne règne,
     Et Chateauneuf
     Ne les craint pas d'un œuf,
     Des Cars richesse,
     Bonneval noblesse. 

     Redoutable les armes à la main, le roi lui accorde le privilège d'avoir un régiment à son nom. Avec Guy de Las Tours dit le Noir, bâtisseur du premier château, fondateur d'Arnac, époux de Engalcie de Malemort, premier de la dynastie sur la terre de Pompadour, et l'évêque Geoffroy, Philibert de Pompadour fait partie des personnages les plus remarquables de ces trois grandes familles du Limousin et du Périgord. Louis Philibert meurt à Pompadour le 26 août 1634. Ses obsèques célébrées à Arnac par l'évêque de Limoges virent un immense rassemblement de la noblesse et du peuple limousin. Le Roi Louis  XIII accorde au fils de Philibert la survivance de la charge de lieutenant génèral du haut et du bas Limousin. Son oncle le baron de Laurière assure la fonction pendant la minorité du jeune homme. Mary Fabry est une femme énergique, débordante d'activité et de besoin de commander ; elle n'a que 35 ans. Elle s'emploie à préparer son fils à la charge de lieutenant du roi. Marie Fabry veille à l'avenir de ses huit enfants. Charlotte, l'aînée de la famille, porte le nom de Pompadour dans la grande famille des comtes de Périgord, les Talleyerand Chalais, au sein du fief familial d'Excideuil en Périgord. Hélas le couple disparait prématurèment laissant trois jeunes orphelines. Marie Fabry sera tutrice des trois petites filles. Dès lors, elle partage son temps entre le marquisat d'Excideuil, Pompadour, Treignac,dont elle est douairière et Paris ; elle assure l'éducation de ses pupilles de deux générations. Cependant, Marie Fabry reste fidèle à l'église. Avec Philibert, elle avait posé la première pierre de l'église des Feuillants à Tulle, le 4 décembre 1620. Elle sera la bienfaitrice des moniales de St Bernard toujours à Tulle. L'acte de fondation de cet établissement sera signé à Pompadour le 24 juillet 1661. Sa fille Ester quittera les Ursulines pour être l'Abbesse des Bernardines. Marie Fabry aura sa sépulture auprès  de sa fille et de son fils Jean III dans cette église dont  elle a financé la contruction. Aujourd'hui il ne reste rien de ces bâtiments.

Le château de Pompadour

    Jean III sera le premier à porter le titre de marquis de Pompadour ; comme tous ses ancêtres il sera fidèle à la couronne. Son grand-père Louis avait enlevé au duc de Lévis sa plus belle pièce d'artillerie qui orna longtemps les terrasses du château. A la demande du roi de France, il convoque le ban et l'arrière ban de la noblesse limousine à Juillac (Corrèze) pour lever une armée contre les princes frondeurs qui menacent à nouveau le Limousin. Appuyé par les troupes royales du comte de Chavagnac, Jean III remporte une victoire probante aux dépens des princes sur le plateau  de Saint Robert (Corrèze) le 13 février 1653.

Sous ses murs dorment dix siècles d'histoire.

     Mais après cette importante victoire, le comte de Chavagnac et le marquis de Pompadour se disputent la paternité de la victoire. Les deux seigneurs délèguent alors leurs estafettes, en selle sur les meilleurs coursiers pour annoncer la victoire à la cour de Versailles. Gabriel du Mas de Payzac capitaine de la cavalerie de Jean III ( sûrement issue des meilleurs élevages de Pompadour...!) sera le plus rapide... et le marquis se verra attribuer par le roi les mérites de la victoire. En reconnaissance, il sera fait chevalier des ordres du roi le 31 décembre 1661.
      Jean III de Pompadour sera le dernier homme à porter le nom de Pompadour ; ses deux fils disparaitront sans postérité. Sa fille Marie Françoise, héritière du marquisat, épousera  François Marie, marquis de Hautefort. Hélas, ils n'auront pas de descendance et le nom de Pompadour s'éteint définitivement en 1726, après huit siècles de prospérité.
 

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