Sylvestre II   ( Gerbert d'Aurillac )

 

     Sylvestre II, le pape de l'an mil,  natif d'Aurillac sera un des rares souverains pontifes français à régner à Rome. Alors qu'il est encore enfant, il garde son troupeau près du monastère d'Aurillac. Les moines  remarquent ce jeune berger qui observe le ciel à l'aide d'une branche de sureau évidée. Ils l'invitent à rejoindre l'abbaye pour parfaire son éducation. Le jeune berger montre de telles dispositions que l'abbé lui conseille de rejoindre la péninsule ibérique pour être au contact de la culture arabe enseignée à Cordoue. Les bibliothèques publiques du Kalifat comptent près de six cent mille volumes, (pour comparer, quatre siècles plus tard la bibliothèque du roi de France Charles V compte neuf cents volumes). Gerbert accède au pontificat sous la protection de son ancien élève, l'empereur germanique Otton III. La curie romaine est en pleine déliquescence sous l'influence du clan des Théophylacte et de ses deux femmes sans scrupules, Théodora et Marzorie. Gerbert va redresser la moralité du Saint Siège qui, hélas, retombera dans ses travers après sa disparition. La méfiance et les réticences de la curie empêche certainement la chrétienté de faire des progrès considérables. La  crainte des nouveautés mises en avant par Gerbert est telle que, en 1648, six siècles après sa mort, Innocent X  fera ouvrir son cercueil afin de s'assurer que notre pape auvergnat n'a pas le diable comme compagnon dans sa dernière demeure. L'érudition de Sylvestre II est immense. Sa connaissance des mathématiques qu'il tient de l'école de Cordoue au contact des enseignants arabes, lui permet de faire remplacer progressivement  les chiffres romains par notre numérotation actuelle. Il invente un abaque révolutionnaire pour simplifier les modes de calcul. Pour ne pas choquer les compteurs professionnels, des ecclésiastiques, fidèles au système romain, il n'introduit pas le zéro dont il devait connaître l'existence grâce aux maîtres arabes.  L'ensemble de ses connaissances scientifiques en font le souverain pontife le plus érudit de l'histoire. En astronomie, grâce à l'astrolabe et ses sphères de bois, il explique bien avant Galilée le fonctionnement du système solaire.

     Il tient ses connaissances des auteurs grecs depuis longtemps oubliés. Son principal mérite sera d'en vulgariser l'enseignement et de permettre aux générations futures de développer ses sciences. Nous lui devons également les vitraux de la cathédrale de Reims. Dans cette ville, il dirige une école qui regroupe un nombre considérable d'élèves. On doit à l'un d'eux, Saint Fulbert, la fondation de l'école des Chartes. Il institue la Trêve de Dieu qui interdit les combats sous peine d'anathème autour des grandes fêtes religieuses Avent et Carême par exemple. Le concile de Narbonne en 1043 et UrbainII au Concile de Clermont en 1095 confirmeront cette institution qui figure depuis parmi les canons de l'Eglise. Sylvestre II  instaure  le jour des morts au lendemain de Toussaint. Successivement archevêque de Reims et de Ravenne, avant son élection pontificale à Rome, il sera la cible de ses détracteurs  qui voient dans ces trois R un signe diabolique. Avant de coiffer la tiare pontificale, Gerbert favorise la mise en place de la dynastie capétienne. Il sera le premier  à avoir l'intuition d'une Europe de Lisbonne à Moscou. Par la création de nouveaux évêchés dans l'Europe de l'est, il prépare les fondations de ce qui deviendra la Pologne et la Hongrie. Autour de l'an mil, il contraint Guy I vicomte de Ségur et de Limoges à fonder l'abbaye de Tourtoirac en Dordogne pour expier  la brève séquestration de l'évêque de Périgueux. 

Sources :
 Gerbert par le chanoine Jean Leflon Editions de Fontenelle Abbaye Saint Wandrille ( 1945 )
Les Papes Français C.F. Editions Alfred Mame Tours (1901)
Gerbert, Silvestre II.  Duc de La Salle de Rochemaure. Emile, Paul , Paris,  éditeurs (1914)
Voir aussi
bibliographie générale

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