Le Cardinal Dubois

 

      Comme chaque région de France, le Limousin a vu naître des femmes et des hommes promis à un destin illustre. A travers les siècles, il est toujours légitime d'éprouver de la reconnaissance à l'égard de ces personnages.
      L'abbé Dubois est au nombre de ceux-ci. Fils d'un modeste médecin apothicaire briviste, il a atteint les plus hautes fonctions du royaume réservées pourtant aux familles nobles comptant plusieurs quartiers de noblesse. Ayant choisi l'habit ecclésiastique, son ascension dans la hiérarchie de l'Eglise le conduit au cardinalat.

Prieurale d'Arnac ( Corrèze )

Prieurale d'Arnac ( Corrèze ) siège de la prévôté 

     Parmi les charges qu'il occupera, figure la prévôté d'Arnac de 1698 à sa mort en 1723.
     Guillaume Dubois est né à Brive en 1656. Il débute sa scolarité dans sa ville natale, mais elle sera brève. L'élève Dubois perturbe la bonne marche son établissement par ses espiègleries.
     Après son renvoi, il aide son père médecin apothicaire. Mais notre jeune apprenti apothicaire montre rapidement une préférence très marquée pour administrer les lavements (clystères) aux jeunes femmes de la clientèle de son père. Celui-ci éloigne rapidement son fils de Brive. Sans doute le place-t-il dans une famille bourgeoise de Bordeaux, mais il revient rapidement à Brive dans des conditions obscures.

     Guillaume Dubois choisit la carrière ecclésiastique en recevant les ordres mineurs en 1669.
La famille Dubois très liée aux Pompadour, obtient pour le nouvel abbé une bourse d'étude au collège St Michel ou
Chanac Pompadour, aujourd'hui Louis le Grand, rue de Bièvre, à Paris. Jean III de Pompadour  réserve chaque année trois bourses pour les enfants les plus modestes du Limousin. Le jeune Dubois ne reverra jamais sa ville natale mais pour lui, une carrière hors du commun commence. Il sera le précepteur du Duc de Chartres futur Duc d'Orléans, régent, qui lui conservera toujours sa confiance. Lors de son accession au siège épiscopal de Cambrai, le régent offre au nouvel archevêque son anneau épiscopal.

     Malgré tous les griefs dont on l'accable, Dubois n'aura de cesse que le service du royaume. Européen avant l'heure, il assure plus d'un demi siècle de paix à nos frontières grâce à la Triple Alliance, puis la Quadruple Alliance. Avec deux siècles et demi d'avance, il démasque l'esprit conservateur de l'Angleterre, déjà peu favorable à l'union européenne. Négociateur patient et infatigable, il harcèle sans relâche Stanhope, émissaire de Georges I de Hanovre, pour obtenir la paix avec l'Angleterre. Alors que la négociation piétine, Dubois utilise un stratagème : il feint une rencontre fortuite avec le négociateur anglais alors que celui-ci rentre d'un dîner avec treize convives allemands au cours duquel ils ont bu soixante-dix bouteilles de vin et de nombreuses liqueurs fortes (!!). Perdu dans les vapeurs d'alcool, Stanhope livre le fond de ses pensées et Dubois parvient, après dix heures de négociation, à tourner le futur traité à son avantage. Beau joueur, Stanhope ne gardera pas rancune à l'abbé.

Le cardinal Dubois
Portrait du cardinal Dubois 

     Plus tard, lors de pourparlers sur le sol anglais, il fera parvenir régulièrement à Georges I des truffes récoltées à Brive. Très friand de ce mets délicat, le roi se montrera coopératif à l'égard de Dubois.

Armoiries du cardinal Dubois
Armoiries du cardinal Dubois 

     Guillaume accumule les succès diplomatiques, ce qui lui vaut de nouveaux honneurs. Il devient principal du collège Chanac Pompadour, puis archevêque de Cambrai. Cette nouvelle charge l'oblige à accéder à la prêtrise. Mais il postule au cardinalat. Très lié avec madame Tencin, une ex-none, il délègue son frère l'abbé Tencin à Rome pour négocier son chapeau de cardinal. Après de nombreux palabres, Innocent XIII cède aux sollicitations pressantes de l'abbé Tencin et l'archevêque de Cambrai reçoit le chapeau le 16 juillet 1721.
     Dès lors, Dubois est la cible préférée du duc de St Simon qui, malgré ses compliments de façade, noircit au possible la vie du cardinal dans ses mémoires. Il est vrai que lors d'une ambassade en Espagne, Dubois prie le duc de rentrer à Paris.

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