Le Cardinal Dubois ( 2 ) |
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Guillaume Dubois assure aussi la paix religieuse en désamorçant la querelle des Jansénistes ravivée par la bulle
Unigenitus. Faisant preuve de tolérance, il ramène le calme au sein du clergé, évitant le schisme. Il rétablit la liberté de
culte pour les protestants. Le royaume doit subir la faillite du banquier écossais Law, mais surtout la conspiration de
Cellamare qui doit supprimer le régent et placer sur le trône de France Philippe V d'Espagne et rétablir les Stuart en
Angleterre. Dubois intervient en faveur du dernier marquis de Pompadour, Francois Marie de Hautefort, incarcéré à la
Bastille pour sa participation active à cette conspiration.
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Par esprit d'apaisement il offre un sauf conduit au cardinal Alberoni, principal artisan du complot. Il pourra regagner ses terres et plus tard retrouver sa livrée cardinalice. Son intervention en faveur du dernier des Pompadour lui vaut la prévôté d'Arnac, charge traditionnellement réservée aux Pompadour. Le prévôt est le seigneur de toutes les maisons d'Arnac et touche la dîme de nombreux villages allant de Juillac à la Meyze. Le cardinal n'oublie pas Arnac. Son intention est d'entreprendre de grands travaux de restauration dans la prévôté. |
A sa mort, son frère Joseph, maire perpétuel de Brive depuis 1700, directeur général des ponts, chaussées et levées, à qui l'on doit le pont Cardinal et l'hôpital de Brive, règle sa succession à la prevôté d'Arnac.
Travailleur acharné, le cardinal Dubois passe de longues heures
devant sa table de travail. Mais cela n'empêche pas la haine et la
jalousie des grands princes du royaume qui lui reprochent sa basse
extraction et son arrivisme. Témoin, le Duc de Noailles, co-seigneur
de Brive, qui lui lance lors de son admission au conseil du royaume :
"Cette journée sera fameuse dans l'histoire, Monsieur, on n'oubliera
pas que votre entrée au conseil en a fait déserter tous les grands du
royaume." |
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Dans une autre circonstance, un garde suisse à qui l'on avait confié la garde du trésor du cardinal, l'aborde au pied
de son immeuble en lui réclamant des gages non payés. Agacé, le cardinal lui affirme que le seul trésor qu'il possède
sont les quelques pièces qui se trouvent dans sa poche. Sans hésiter, le garde lui emboîte le pas et ne le lâche pas d'une
semelle afin de continuer son office. Excédé, et pour se débarrasser de l'importun, le cardinal cède à sa requête.
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Homme politique avisé, soucieux de paix civile, de tolérance religieuse, qui de plus n'oublia jamais ses compatriotes limousins, sa corespondance avec sa ville natale prouve qu'il suivait l'évolution de la vie politique et socialede la cité Gaillarde. Le cardinal Dubois mérite mieux que l'image sans concession transmise par l'histoire. Ses projets novateurs en matière d'imposition, où la noblesse devait payer beaucoup plus, auraient étouffé dans l'œuf les prémices de la Révolution, si sa mort n'avait empêché leur application. |
Avec l'aide de son frère, il jette les bases des grands réseaux routiers français. Il faut attendre soixante ans après sa
mort pour que D'Alembert prononce son éloge devant l'Académie française.
Aujourd'hui, tous les Limousins peuvent être légitimement fiers de ce compatriote qui, même au faîte de sa gloire,
œuvrera pour le bien de tous les sujets du royaume, même les plus modestes. Seul son rang le met à l'abri des intrigues
et disgrâces que lui souhaitent en secret les membres de la Cour.
Bibliographie particulière
Le cardinal Dubois - Guy Chaussinaud Nogaret (Perrin) 2000
Vie privée du Cardinal Dubois **** Londres 1789
Intrigues et missions du Cardinal Tencin - Maurice Boutry (Emile Paul) 1902
Dubois et l'alliance de 1717 - Père Bliard (Document gallica. bnf) 1900
Le Cardinal Dubois prévôt d'Arnac - L. de Nussac (Achives dépt. Corrèze)
Bullletin de la société scientifique historique de la Corrèze tome 78 (1956)
Bibliographie générale