Le cardinal Dubois
1656-1723
ou
une certaine idée de l'Europe
Guy Chaussinand-Nogaret
Editions Perrin |
Avec son cardinal Dubois, Guy Chaussinand-Nogaret réhabilite
un personnage très controversé. Cette mauvaise réputation, le
cardinal la doit au duc de St Simon, grand moraliste du début du
18e siècle.
Tout au long du récit, on découvre l'itinéraire de ce Briviste qui
aura un rôle considérable sous la régence de Philippe d'Orléans
et au début du règne de Louis XV.
Précepteur du Régent, il ne sera ni plus ni moins perverti que
les gens qui l'entourent, son illustre élève y compris. Son action
diplomatique sera énorme, deux siècles avant Robert Schuman.
Dans un but de paix, il saura créer l'Europe des nations en
suscitant des alliances, en discutant d'égal à égal avec
l'Angleterre, déjà hégémoniste. Sa réussite et les honneurs
glanés lui vaudront beaucoup d'inimitiés et de jalousie. La
postérité, aidée en cela par l'écriture acerbe du duc de St Simon,
le fera apparaître comme un pervers assoiffé de gloire et
d'honneurs. Le duc écrivain reproche à la fois au cardinal, son
goût pour les titres, sa modeste naissance corrézienne, ses
mœurs dépravées. Il faut dire que St Simon pense que ses titres
lui reviennent de droit, du fait de sa noble origine. L'hypocrisie
du duc est incontestable car il publie ses mémoires après la mort
du cardinal. Pendant la carrière de ce dernier, il fait assaut
d'allégence, de flatteries, auprès de Dubois. Il faut chercher la
vérité entre le livre de Chaussinand-Nogaret et les mémoires de
St Simon. Mais le livre est parfaitement objectif et le cardinal
sort grandi de cet ouvrage.
La pourpre cardinalice, le poste de premier ministre de Louis
XV , le fauteuil d'académicien, ne sont pas usurpés par ce
Briviste, largement en avance sur son temps, qui a recherché la
paix entre les nations européennes, pour le bien-être et la
prospérité de leurs habitants. La réussite de cette entreprise fait
paraître presque anecdotique le fiel de St Simon. |