Portraits: Innocent VI

Le Château des papes

 

Blason de la commune de Beyssac en Corrèze 

      Etienne Aubert est né aux Monts de Beyssac en Corrèze en 1282 .
La Seigneurie des Monts mérite quelques lignes. Aujourd'hui ces terres appartiennent aux Haras Nationaux de Pompadour qui y abritent les fleurons de l'élevage de la race bovine limousine. Seule une stèle récemment posée et l'architecture particulière des bâtiments d'élevage rappellent ce lointain passé.
     Selon des documents de Glandier (distant de quelques kilomètres), le père d'Etienne Aubert ou Albert avait pour nom : Ademarus Alberti de Pompador. Les Aubert rendaient hommage féodal au seigneur de Pompadour, mais ils rachètent ses droits en 1352. Un an plus tard, Guillaume Aubert, neveu du Pape, se porte acquéreur de la châtellenie et du château de Bré (ou Bret) près de Lubersac, sur la commune de Coussac Bonneval.

     De nombreux natifs des Monts vont rejoindre la cour pontificale en Avignon : Pierre de Grèze comme palefrenier qui, en signe de gratitude, offre au pape un cheval gris qu'il tient du cardinal tulliste Gabriel de La Jugie.
     Le maître de cuisine d'Innocent VI, Bartélémy de Vassignac, est issu des terres du même nom sur la commune de Lubersac. Urbain V lui conservera sa confiance.
     Bien sûr, la famille Aubert fournira de nombreux ecclésiastiques. Deux neveux du pape recevront le chapeau de cardinal. Audoin Aubert ou Albert, dans ses dispositions testamentaires, dote richement l'église de Beyssac, demande également que l'on fournisse mille tuniques blanches pour les pauvres femmes des paroisses de Beyssac, Saint Sornin Lavolps, Coussac Bonneval et Verneuil sur Vienne, qui gardent le bétail. Etienne Aubert, autre neveu du pape, est cité comme cardinal par le père Duchêne. Il décède brutalement en accompagnant Urbaint V lors de son retour à Rome.

    
 Stèle érigée au village des Monts près  de Beyssac en Corrèze

La famille Aubert figure parmi les premiers bienfaiteurs de la Chartreuse de Glandier dès 1220. Etienne Aubert fera preuve de plus de moralité que son prédécesseur. Il réduit le train de vie de la curie ; les aspirants aux charges doivent fournir les preuves de leurs aptitudes. Par exemple un employé du courrier doit être en mesure de soigner les chevaux. Il rétablit la discipline chez les Franciscains et n'hésite pas, au grand désarroi de Brigitte de Suède, à traduire les plus réticents devant l'Inquisition. Tout au long de son pontificat, ses rapports avec les Hospitaliers de Saint Jean seront très conflictuels. Il dépêche auprès du grand maître de Rhodes son stratège militaire, le Grand Prieur d'Aragon Juan Ferdinand d'Hérédia. Le message d'Innocent VI est très clair : sous peine de perdre les bénéfices acquis  lors de la dissolution de l'Ordre du Temple, les chevaliers doivent quitter Rhodes et s'établir en pays ottoman,  pour retrouver le goût du combat.
Abasourdi par cet ordre, le Grand Maître Pierre de Corneillan décide de réunir un Chapitre général à Avignon. Il disparait avant sa tenue. Son successeur, Roger des Pins, n'assiste pas à cette assemblée  qui ne prendra aucune décision importante.  A la mort d'Innocent VI en 1366,  les Chevaliers résident toujours à Rhodes. 
 Au cours de son pontificat,  Innocent VI ne respectera pas son engagement, pris lors du conclave, de réduire le nombre de cardinaux.

      Cependant il prépare activement le retour de la Papauté à Rome en donnant au palais romain sa forme actuelle. Il s'emploie à reconquérir les principales places des terres pontificales en Italie. Innocent VI confie cettte tâche au Cardinal Albornoz, homme politique ferme et froid, à la fois diplomate, prêtre et soldat. Dans le même temps, le Pape protège Avignon des grandes Compagnies qui ravagent sans merci tout le sud de la France.  

    Sous la responsabilité de Juan Ferdinand de Hérédia, c'est Arnoul Pérusse des Cars, époux de Souveraine Hélie de Pompadour, qui reconstruit les remparts d'Avignon tels qu'ils sont encore aujourd'hui. Etienne Aubert a sa sépulture à la Chartreuse qu'il a fondée à Villeneuve les Avignon, où le rejoindra son neveu, le cardinal Audoin Aubert.
Le reproche de népotisme est souvent fait aux papes d'Avignon, mais leurs proches avaient la plupart du temps la capacité d'assumer les tâches qui leur étaient confiées. Seule la composition du collège des cardinaux peut être sujette à caution et la majorité limousine allait plonger la chrétienté dans le plus grand désarroi dès le retour des successeurs de Pierre en terre romaine.

Innocent VI

 Bibliographie générale
Sources particulières :
Gallica / BNF
DUCHESNE : Les Cardinaux François de naissance ( 1660 )
Correspondance de Dom Pradillon religieux Feuillant, avec Baluze ( 1692- 1695 )